Introduction :
Intégration des utilisateurs dès la phase amont des projets, réduction du temps de développement des produits, paradigme de l’usage, co-innovation, ces tendances deviennent des facteurs clés de succès pour les entreprises aujourd’hui. La rentabilité d’une activité dépendant sensiblement de ses conditions de conception et de lancement, les FabLabs peuvent transformer votre processus de conception et devenir une opportunité pour votre entreprise.
Initié par le MIT (Massachussets Institute of Technology) dans les années 90’ et par le cours devenu célèbre du professeur Neil Gershenfeld « How to make (almost) everything », le concept de FabLab s’est progressivement déployé à travers le monde en conservant sa promesse initiale : démocratiser les processus de conception, de prototypage et de fabrication d’objets, en s’appuyant sur des valeurs d’accessibilité et de collaboration. Au-delà du monde universitaire, les FabLabs se sont déployés massivement dans la plupart des grands groupes industriels, et s’immiscent également maintenant progressivement dans les PME et ETI. La question de leur intégration dans votre entreprise doit donc légitimement se poser pour vous, dans votre posture de dirigeant mais également garant de l’optimisation de la chaine de valeur.
Qu’est-ce qu’un FabLab ?
Un FabLab pour « Fabrication Laboratory » est un atelier de fabrication numérique permettant d’accueillir, de rassembler et d’accompagner différentes communautés (citoyens utilisateurs, entreprises, entrepreneurs, chercheurs…) dans leurs parcours d’innovation. Issus de la culture « Maker », les FabLabs puisent leur particularité dans leur aspect « ouvert », ce qui les différencie des autres lieux d’innovation privés.
En étant à la fois fournisseurs de ressources techniques et agrégateurs de compétences et de savoir-faire, ils permettent de catalyser le passage de l’idée ou concept (2D) à leur matérialisation physique ou virtuelle (3D). En entreprise, leur introduction disrupte totalement le processus de conception, en réduisant sa durée, en accélérant la matérialisation des produits et en réduisant le coût de prototypage de manière significative.
Afin d’être accrédités « FabLab » par le MIT, les FabLabs doivent pouvoir mettre à disposition différentes ressources, parmi lesquelles on retrouve principalement :
- Des imprimantes 3D : différentes technologies peuvent se côtoyer, telles que la stéréolithographie (SLA), le frittage sélectif laser (SLS) ou encore le dépôt de filament (FDM)
Ces technologies utilisent des matériaux très divers et ont chacune des spécificités pouvant répondre à différentes applications industrielles : haute résistance mécanique et thermique pour la SLS, précision et isotropie pour la SLA, vitesse d’impression rapide et faible prix de fabrication pour la FDM.
- Des découpes laser, permettant de fabriquer des structures 3D à partir de pièces découpées en 2D.
Suivant les machines, il est également possible d’utiliser différents types de matériaux : bois, plexiglass (PMMA), métal ou encore cuir, les possibilités sont larges !
- Des fraiseuses numériques (CNC), permettant de tailler directement dans la matière.
- Des découpes vinyl, permettant de découper des stickers, logos ou autres symboles dans de fines feuilles plastifiées autocollantes
Ces différentes machines exécutent leur process à partir de fichiers CAO ou de dessins vectoriels, réalisables directement sur des logiciels mis à disposition par les FabLabs.
Des nombreux outils manuels, des kits pour la création de circuits électroniques ou encore du matériel de sécurité sont également présents. L’objectif est alors que la créativité puisse s’exprimer et prendre forme sans qu’aucune limite technique ne viennent entraver la matérialisation.
En plus des ressources mises à disposition, l’accréditation « FabLab » est également liée à des notions d’accessibilité au lieu, de respect de la charte établie par le MIT1 ou encore de participation au réseau global des FabLabs à travers une collaboration internationale.
De l’innovation ouverte à la matérialisation rapide des produits :
A travers les enjeux du marché d’aujourd’hui, la capacité de votre entreprise à intégrer l’expérience et l’usage des utilisateurs au sein de vos produits, à concevoir des solutions ancrées dans leur environnement ainsi qu’à accélérer leur « go to market » sont des éléments clés de votre réussite et de votre survie.
Pour ce faire et garantir le caractère innovant des produits ou services développés, l’implication des clients dès la phase amont des projets et plus globalement l’intégration d’acteurs externes au sein d’un processus « d’open innovation » est un des leviers de développement. Les réponses aux problématiques des dirigeants et la valorisation des idées se trouve souvent en dehors de l’entreprise. La capacité à croiser, à faire converger et à renforcer la synergie de dynamiques et de technologies complémentaires est alors source de réponses pertinentes aux besoins et d’augmentation de la proposition de valeur.
Avec cette capacité à réunir au sein d’un même lieu des acteurs aux visions, aux compétences et aux savoir-faire pluriels, les FabLabs facilitent le travail de réflexion collaborative et se positionnent comme un catalyseur de l’innovation ouverte. Leurs ressources permettent alors aux acteurs de passer de manière très rapide des idées à leur matérialisation, physique ou virtuelle. Il devient alors plus aisé pour les différentes parties prenantes, ingénieurs, designers et utilisateurs d’échanger autour de l’objet et de son évolution.
Pour les industriels, la réalisation de micro-séries via les ressources techniques des FabLabs permet également d’économiser des coûts importants dans leur processus de conception, mais aussi de pouvoir envisager de la conception unitaire et personnalisable à moindre coût.
Vers la 4e dimension de l’innovation : l’évaluation des usages 2 :
Après être passé de l’idée (2D) à sa matérialisation (3D), l’évaluation par l’usage est alors la dernière étape primordiale avant l’industrialisation. Cette dernière doit vous permettre de vous assurer de la pertinence et de l’acceptation de votre produit auprès des potentiels futurs utilisateurs. Cette dimension dépasse le cadre initial du concept de FabLab, pour rejoindre celui de « LivingLab ». Parfois, des lieux peuvent combiner ces deux approches (prototypage & test d’usage), on parle alors de « FabLivingLab ».
Par l’utilisation de technologies tels que l’eye tracking, il est alors possible de réaliser des tests en situation réelle et « d’objectiver » les données de ces évaluations d’usages. Bien sûr, des interviews ou questionnaires peuvent toujours permettre d’enrichir les retours d’expériences. Dans d’autres cas d’usages, l’immersion des utilisateurs dans des environnements virtuels peut également se montrer pertinente afin d’identifier d’éventuels points de douleurs, et d’envisager alors des scénarios d’évolution du produit ou du service étudié.
Selon les résultats obtenus, une ou plusieurs itérations entre les phases d’évaluation des usages et de prototypage seront nécessaires dans votre processus ; l’innovation se définissant usuellement comme un processus itératif à base d’essai-erreur avant d’aboutir à un produit en phase avec ses utilisateurs et son marché.
Sources :
(1) The Fab Charter http://fab.cba.mit.edu/about/charter/ (accessed 2021 -10 -21).
(2) Dupont, L.; Morel, L.; Lhoste, P. Le Lorraine Fab Living Lab : La 4ème Dimension de l’innovation. In Journées Hubert Curien; Université de Lorraine: Nancy, France, 2015.